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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/193

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MISS VEUVE.

Mais, défi à la logique, les investigations ne donnent pas d’autre résultat que d’ébruiter l’inconcevable incident.

Personne n’a rien vu, rien entendu, rien soupçonné.

Un inconnu s’est volatilisé dans ce palais où grouille une foule, sans laisser plus de traces qu’un soupir.

De guerre lasse, à la fois furieux, mécontent et inquiet, l’Empereur, bien avant la fin de la réception, regagne ses appartements. L’Impératrice l’y a suivi. Elle essaie en vain d’apaiser la colère de son impérial époux.

Soudain, un valet entre. La princesse Louise-Marie supplie Leurs Majestés de la recevoir.

— Que veut encore cette petite ? Qu’elle entre.

Et la jeune femme paraît, bouleversée, haletante. Elle tient à la main un écrin, qu’elle présente ouvert à l’Empereur. La gaine contient un gorgerin d’émeraudes et de rubis du plus magnifique effet.

— Eh bien ? interrogent les souverains.

— Ceci dans ma chambre.

L’Empereur serre les poings.

— Quoi ! voulez-vous dire que ceci est venu sans que vous sachiez comment ?

Et la princesse incline la tête avec terreur.

— Cela vient de Miss Veuve.

— Ah ça ! vous devenez folle.

— Non, non, Sire. Lisez ce papier que j’ai trouvé auprès de l’écrin.

Un feuillet tremble entre les doigts fuselés de la jeune femme. L’Empereur le saisit, et lit lentement :

« Acceptez, princesse, ce souvenir de Miss Veuve. Ce soir, vous fûtes bonne, vous vous fîtes la messagère de la Justice, je vous le jure. Sa Majesté corroborera mon dire. Je sais l’Empereur trop loyal pour mentir. Interrogez-le ».

Le lecteur courbe la tête, les yeux fixés sur le tapis. Et Louise-Marie questionnant timidement :

— Se pourrait-il que Miss Veuve exprime la vérité ?

L’Empereur étend les bras à droite et à gauche, les laisse retomber avec accablement.

— Oui, oui, je crois qu’elle parle selon la justice !

Sur les traits de Louise-Marie s’épandit un voile. Elle allait parler. Son interlocuteur ne le lui permit pas.

— Tais-toi, emporte ce cadeau royal que t’a fait Miss Veuve. Tu le por-