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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/253

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Ah bon ! bon, s’exclama Tril, la face épanouie. Ces ondes ne peuvent traverser la paroi de la cartouche ; elles sont donc obligées de passer par l’ouverture que leur donne la calotte rabattue.

— De plus, une ligne de mire, obtenue par les deux encoches que tu remarques en haut et en bas du cylindre, permet de viser avec une précision absolue. Et les terribles ondes progressent avec une rapidité de 80.000 lieues à la seconde vers le but que l’on a désigné. Rencontrant les ferrures de l’aéroplane militaire allemand, elles ont déterminé la catastrophe dont vous avez été témoins.

Il y eut un silence. Les yeux des adolescents se fixaient avec un émoi respectueux sur le cylindre minuscule que Herr Listcheü tenait entre ses doigts. Les effets de cette arme ignorée leur apparaissaient disproportionnés avec leur cause. Ils sursautèrent quand Tril éleva la voix. Le jeune Américain était décidément un questionneur infatigable.

— Qu’est-ce que c’est au juste que ces ondes Hertziennes et ces oscillations électriques dont vous nous avez parlé ? Pourriez-vous nous en donner une idée ?

Le savant hocha doucement la tête.

— Ceci peut être l’aurore d’une révolution totale dans les conditions d’existence de l’humanité. Les ondes sont des vibrations analogues à celles grâce auxquelles la lumière, la chaleur du soleil, se transmettent à la terre. Seulement, les Hertziennes ont pour origine un foyer électrique produisant des étincelles ultra fréquentes, dites oscillantes, lesquelles produisent à leur tour des ondes qui, le calcul l’a établi, se répètent de cent millions à cent milliards de fois par seconde. Lumière et chaleur du soleil donnent clarté et chaleur à la terre. L’onde Hertzienne, née d’une étincelle électrique, fait naître l’étincelle sur les surfaces qu’elle atteint.

Médusés par cette révélation soudaine de la grandeur infinie de la science, comme par l’apparition d’une divinité inconnue, les enfants considéraient Herr Listcheü.

Il leur semblait grandi, prenant à leurs yeux les proportions géantes d’un être qui avait pu, sans se croire inférieur en force, déclarer la guerre au puissant empire d’Allemagne, à un gouvernement appuyant sa volonté sur soixante-quatre millions d’habitants.

Cependant, Suzan se gratta le front. Ses regards interrogèrent le visage douloureux du docteur.

— Que souhaites-tu, mon enfant ? murmura celui-ci. Ne crains point de parler.