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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/287

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Des otages, expliqua-t-il hypocritement, dont je prévoyais l’utilité prochaine. Vous me jugez mal. Je ne suis pas cruel. Je prends mes précautions, voilà tout. La destruction de Fairtime n’a coûté la vie à personne. Les serviteurs, éloignés sous divers prétextes, se réjouissent vraisemblablement du… hasard qui les fit s’absenter.

— oh ! père, pardonnez. Je vous avais cru meurtrier !

C’est Margarèthe qui s’incline. Elle prend pour vérité le mensonge qu’il vient de proférer. Elle ne peut deviner que le fourbe a, sans remords, condamné à périr tout le personnel de Fairtime-Castle. Et Miss Veuve montre son visage décomposé, sillonné de larmes.

— Vous aviez raison, Herr Von Karch, je dois me plier à vos volontés, s’il m’est prouvé que ceux dont vous me parlez sont vivants.

— Allons donc, vous devenez raisonnable ?

— Oui, mais la preuve ?

— Qui donc songe à vous la refuser ?

Ce disant, l’espion appuie sur la sonnerie qu’il a fait retentir avant l’entrée du visiteur.

— Je donne mes ordres à mes serviteurs, afin qu’aucun ne se trouve sur notre passage.

— Pourquoi ?

— Pour vous démontrer je joue franc jeu, moi. Ma blonde Marga va nous éclairer.

Il se dirigeait vers la porte. Le vestibule était désert. Tous trois le traversèrent, parcoururent le couloir conduisant à l’entrée des caves, descendirent l’étroit escalier de pierre accédant au sous-sol.

Parvenu devant la lourde porte qui fermait l’appartement des prisonniers, l’espion introduisit une clef dans la serrure. Un double déclic du pêne, et le vantail tourna sur ses gonds.

Miss Veuve fit un pas en avant et, sur le seuil, s’arrêta net, avec un cri sourd.

Un spectacle terrifiant s’était offert aux regards du visiteur. Lord Fairtime, Miss Édith, Péterpaul, Jim, étaient ligotés sur des fauteuils, rangés le long de la muraille, faisant face à l’entrée.

Sous leurs pieds, une sorte de tapis de caoutchouc épais de plus de dix centimètres. Autour d’eux, s’enroulent ainsi que des serpents, des spirales de fer, terminées par des renflements qui s’appuyaient sur le crâne et sur le cœur des captifs.

Auprès de chacun, un homme vigoureux se tenait immobile. Quiconque eût assisté au crime de Fairtime, eût reconnu ces gardiens.