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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/319

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LE LIT DE DIAMANTS.

désarroi général, avait conservé assez de sang-froid pour ne pas abandonner le gouvernail. Le calme du marinier avait vraisemblablement sauvé le vapeur d’un échouement.

En effet, dans le voisinage de la mer, le chenal navigable de l’Elbe serpente à travers des bancs de sable et de vase, obligeant les navires à ralentir leur marche même en plein jour.

— Cherchons, Pétunig, murmura l’Allemand.

Chercher ! Pétunig ne demandait pas mieux, mais où ? mais quoi ? L’arrière du steamer n’offrait aucun obstacle à la vue. Par acquit de conscience, les deux hommes se penchèrent sur le bastingage, interrogeant le bordage, la surface de l’eau, le bouillonnement de l’hélice.

Ils tournèrent autour de l’habitacle, de la roue du gouvernail actionnant les chaînes de direction. Rien ! Ils s’y attendaient du reste.

Cependant, un à un les serviteurs, les matelots revenaient. Fritzeü annonça le premier, qu’ayant fouillé la cabine de Herr Von Karch, il n’avait rien découvert. Par précaution, il avait, en se retirant, fermé la porte à double tour et il rapportait la clé à son chef.

Puis, ce fut Lorike qui s’était chargé de perquisitionner dans le poste de l’équipage, réduit ménagé à l’avant sous le pont, et où, matelots et serviteurs reposaient pèle-mêle durant la nuit.

Stolz avait parcouru la machinerie ; Siemens, fou de rage, après un pansement sommaire, s’était rendu à fond de cale, auprès des prisonniers anglais. Il les avait terrifiés par les plus effroyables menaces qui puissent sortir des lèvres d’un bandit exaspéré, mais pas plus que les autres, il n’avait découvert un indice quelconque du passage de l’être, dont son bras douloureux portait la marque.

Cela devenait affolant ; à chaque rapport négatif, l’espion frappait du pied.

— Pourtant le gaillard est à bord, cela ne saurait faire doute, répétait-il avec une fureur croissante.

Margarèthe assistait à cette infructueuse chasse à l’homme. Elle ne se souvenait plus de la scène brutale qui l’avait précédée. Elle aussi se sentait possédée par le désir de savoir. Mais ce désir était mitigé par un autre. Elle souhaitait ardemment que l’être inconnu, qui avait pris sa défense, ne fut pas découvert ; car elle ne se faisait pas d’illusion, il paierait de sa vie son geste généreux.

Et tandis que ces, pensées s’entrechoquaient sous son crâne, l’espion, ses fidèles rassemblés autour de lui, parlait :