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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/411

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

— Si vous tenez à sauver votre adorable Liesel, nous ne retarderons pas un instant notre fuite. Descendons au fond du Cenote et embarquons.

Mais le gamin devait reconnaître une fois de plus la prodigieuse duplicité de l’espion.

Celui-ci affectait d’oublier l’existence du « trésor » qui motivait la présence de Tiral, et aussi la sienne, dans la province de Yucatan. Il obligeait le comptable à en parler lui-même. Tout cela se révéla à Tril dans la réponse de ce dernier :

— Mais il n’y a pas que nous à embarquer.

— Et qui donc ? s’exclama Von Karch avec un étonnement parfaitement simulé.

— Et quoi, devriez-vous dire ? Eh bien, mais, le trésor.

— Le trésor ; je l’avais oublié. Je ne voyais que votre salut. Ne pouvez-vous le transporter cette nuit ? J’ai des hommes qui vous aideront.

Tiral secoua la tête.

— Non, Liesel et moi en avons amené une part à la surface du sol. Il nous faudrait encore un jour pour achever.

— Ce que vous possédez ne suffit-il pas ?

— Il m’aurait suffi ce matin, Monsieur Von Karch, mais à présent, je veux tout, car nous serons deux à partager.

— Je vous ai déjà dit que jamais…

Tiral coupa la parole à son interlocuteur :

— Monsieur Von Karch, inutile de protester, je veux que vous acceptiez. Vous le devez pour ne pas désoler un ami qui, déjà débiteur de la vie de sa fille chérie, sera riche seulement par reflet de votre généreuse protection.

Un geste insouciant, et l’espion déclara :

— Soit, nous aurons le loisir de discuter plus tard. Pour l’instant, puisque nous restons ici, je solliciterai de vous, si possible, une place à votre table et un toit pour abriter ma tête. Je dis une table, un toit, au figuré, car je pense que vous ne disposez de rien de semblable dans ce bois.

— Vous vous trompez, plaisanta Tiral. Je dispose d’une maison de pierre, et solide allez, car elle tient depuis pas mal de siècles.

— Où prenez-vous cette maison ?

— Sous les racines des arbres qui nous entourent, car c’est un ancien temple des Mayas, édifié il y a dix siècles, à la gloire des divinités Pah-Ah-Tun.

— Ah ! cela doit être curieux, s’exclama Tril, entraîné par un mouvement de curiosité.