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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/418

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

dernier obéissait simplement à la curiosité, car elle déclara être lasse et ne pas se soucier de retourner au puits des diamants. D’un ton indifférent, Tril questionna :

— Vous accompagnerai-je, Herr Von Karch ?

L’espion secoua la tête.

— Non. Tu descendras au grand Cenote. Tu diras à Pétunig de ne venir me faire son rapport du soir que dans…

L’Allemand consulta Tiral du regard.

— Combien de temps demandera notre exploration, cher M. Tiral ?

— Oh ! la montée, la descente, demandent des précautions. Mettez une heure.

— Parfait, tu entends, Manuelito, que Pétunig vienne au rapport dans une heure.

Une inclination du jeune garçon indiqua que les ordres de Von Karch étaient gravés dans son esprit. Et Tiral ayant tendrement embrassé sa fille, on la laissa seule dans la salle du Temple ou, dans l’autrefois lointain, les générations disparues apportaient aux Pah-Ah-Tun l’harmonie de leurs prières.

Tiral, entraînant à sa suite ses deux compagnons, avait repris la sente parcourue à l’arrivée.

Bientôt, les trois personnages se trouvèrent au bord du Cenote d’Ah-Tun, dont l’entonnoir s’ouvrait énorme, fascinant, semblant la gueule immense d’un apocalyptique monstre de ténèbres.

— Va, ordonna l’espion à Manuelito.

L’adolescent indiqua d’un geste qu’il allait obéir. Un instant, il parut chercher le sentier descendant au fond de la crevasse, et l’ayant trouvé, il s’y engagea, disparaissant presque aussitôt aux yeux des deux hommes qui, de leur côté, poursuivaient leur marche.

Seulement, le gamin, lui, s’arrêta au bout de trois pas. Sa tête seule dépassait le rebord de l’entonnoir et ses yeux vifs, rivèrent leur rayon curieux sur les nocturnes promeneurs, jusqu’au moment où ils s’enfoncèrent de nouveau dans les taillis.

Alors il s’ébroua joyeusement.

— Une heure, j’ai le temps ; prévenons toujours Pétunig.

Ce disant, il portait les yeux vers le fond de la crevasse, que la lune, masquée par les arbres, n’éclairait plus.

Sur la pente, trois lueurs imprécises dénonçaient les emplacements où les divers groupes de gardiens campaient. Beaucoup plus bas, un léger brouillard lumineux indiquait l’endroit occupé par les prisonniers.