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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/444

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Tril le suivant, tous deux débouchèrent des taillis ; ils traversèrent la zone dénudée entourant le grand Cenote d’Ah-Tun, parvinrent au bord du vaste entonnoir d’ombre.

Von Karch porta son sifflet d’argent à ses lèvres et modula le signal appelant les bandits au rassemblement. Ceci fait, il s’engage sur la pente.

Cependant, après quelques pas, il s’arrête, écoute. Aucun bruit ne décèle la marche d’une troupe.

— Que font-ils donc ?

De nouveau, le sifflet égrène ses trilles dans le silence du gouffre. Aucun son ne répond. Une inquiétude étreint l’espion.

— Qu’est-ce que cela signifie ? fait-il à mi-voix.

Et s’adressant à Tril qui règle ses mouvements sur les siens.

— Le revolver à la main, Manuelito. Il se passe ici quelque chose que je ne m’explique pas.

Le jeune garçon obéit, il ne saurait prononcer une parole.

Le revolver au poing, l’index sur la gâchette, les deux personnages avancent avec précaution. Un silence de tombe les entoure.

Tout à coup, l’espion lance une sourde exclamation. Son pied a rencontré un obstacle ; il a failli tomber.

— Ah ! tant pis, j’allume. Je risque d’être vu, mais, mille diables, il faut voir d’abord.

L’affirmation gronde entre ses lèvres serrées ; une petite étoile brille auprès des personnages. L’Allemand vient d’actionner sa lampe électrique de poche. Mais à peine en a-t-il dirigé le rayon sur le chemin qu’il a un cri étranglé.

— Fritzeü ! Ah ça ! il est mort !

Fritzeü est étendu en travers du sentier, les jambes repliées dans une contraction suprême, la tête renversée sur la pente qui descend au gouffre.

Von Karch, Tril se penchent sur le cadavre. Comment la mort a-t-elle frappé ? Ils ne comprennent pas. Aucune blessure n’apparaît à leurs regards. Et le gamin désigne la lisière du halo lumineux de la lanterne.

— Là ! la ! on dirait ; mais oui, un autre corps !

C’est vrai. Une seconde silhouette barre le sentier. Von Karch reconnaît Lorike. Lorike mort, comme Fritzeü, sans que son cadavre porte la trace d’une blessure.

La situation affole le misérable. Il s’élance sur la pente. Un à un, il rencontre ses complices. Tous ont passé de vie à trépas. Une mort inexplicable les a tous frappés.