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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/462

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LE LIT DE DIAMANTS.

Bref, une idée s’implanta dans les esprits. À plusieurs reprises, on avait passé en vue de puits, d’installations souterraines, indiquant l’emplacement d’agglomérations humaines à la surface du sol.

Un lavoir se présenta. Le canot accosta. François, Péterpaul, Joé, sautèrent sur le remblai rocheux. Un escalier se montra, grossièrement taillé dans la masse granitique.

Ils s’y engagèrent, et vingt-cinq mètres plus haut, débouchèrent dans la cour d’une ferme.

Par malheur, leur apparition épouvanta une femme qui distribuait du grain à ses volailles. Les trois personnages eurent juste le temps de s’emparer de quelques galettes de maïs, de deux poulets, de jeter une pièce d’or à la fermière afin de l’indemniser, et ils durent s’enfuir poursuivis par une troupe d’indigènes accourus aux clameurs de la poltronne créature.

Se jeter dans le canot, prendre le large à force d’avirons, ne les empêcha pas d’être salués d’une salve de mousqueterie. Ne pouvant plus les atteindre, les poursuivants se donnaient la satisfaction de les fusiller.

Les balles sifflèrent autour d’eux. Mal dirigées, elles n’eussent dû atteindre personne.

Et cependant, quand la fusillade cessa, une voix faible appela :

— Monsieur François.

C’était la voix de Liesel. Un projectile lui avait troué la poitrine. Elle gisait renversée au fond du canot.

— Approchez, fit-elle d’un accent de plus en plus faible. Approchez.

Et quand il eut obéi, elle parut rassembler toutes ses forces pour prononcer ce mot :

— Pardon !

Une convulsion agita son corps et elle ne bouges plus.

Liesel, ce témoin de l’innocence de l’ingénieur, était morte. On juge de ce que fut désormais la navigation de la barque funèbre.

Pour brocher sur le tout, à l’instant où l’on débouchait enfin dans la lagune de Progreso, à l’instant où, délivrés de l’oppression des ténèbres, tous saluaient le ciel constellé d’étoiles, deux canots du Fraulein, montés par des matelots armés, avaient accosté l’embarcation ; les voyageurs s’étaient trouvés saisis, garrottés, avant de pouvoir se rendre compte des causes de cette dernière et désespérante péripétie.

Conduits au yacht de Von Karch, sur un ordre lancé du pont, ils avaient été hissés à bord, ainsi que les caissettes contenant le trésor découvert par Tiral.