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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/474

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LE LIT DE DIAMANTS.

mignonne petite montre d’or, sertie dans un bracelet qui encerclait son poignet.

— Et comme il est exact, sa chaloupe sort du port de guerre.

Tous regardèrent du côté indiqué par Tril.

Une grande chaloupe paraissait sur les eaux grises du golfe de Kiel.

Ses douze paires d’avirons s’élevaient et s’abaissaient en une cadence régulière, et, à l’arrière, flottait le pavillon de l’empire allemand, avec ses trois bandes noire, blanche et rouge.

Au même moment, un roulement de tambours bourdonna sur le Lovely, Les matelots en armes, revêtus de la grande tenue, surgirent par toutes les ouvertures du pont.

Ils s’alignaient en face de la coupée. Le capitaine Martins, orné des aiguillettes d’or de commodore, entouré de son état-major, s’était placé dans l’espace libre.

— Portez armes !… présentez armes !

Le dernier mouvement, supprimé en France, a été conservé dans la marine américaine.

Les fusils sonnent dans les mains nerveuses. Un nouveau roulement de tambours bruit sur les matelots, immobiles ainsi que des statues.

Et droit, raide, dominateur, émergeant de l’escalier de la coupée, l’empereur allemand prend pied sur le pont. Sa prestance martiale, son profil sévère, sa moustache relevée en crocs, tout concourt à lui donner cet aspect de chef militaire que tout le monde connaît.

Il a un hochement de tête satisfait à l’égard des jeunes Américains qui lui rendent les honneurs.

Et soudain, il porte la main à son front adressant le salut du soldat à François de l’Étoile, qui, la tête découverte, s’avance à sa rencontre :

— Sire, dit le jeune homme d’une voix que tous perçoivent, un jour vous m’avez dit : Souvenez-vous que l’Empereur vous est ami. Je me suis souvenu. De là, l’audace du message auquel Votre Majesté daigne répondre par sa présence.

Et le souverain lui tendant la main dans un geste cordial, l’ingénieur secoue négativement la tête.

— Pas encore, Sire, je vous en prie.

L’Empereur comprend certainement le sens de ces paroles énigmatiques, car sa main retombe.

— Quand il vous agréera.

— Alors je prie Votre Majesté de consentir à m’accompagner.