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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/234

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— Et le brave garçon, où est-il ?

— Ici, près de la porte, Monsieur le curé, répond Espérat.

— Que je te presse la main ; tu es un brave, mon enfant. Tu seras un homme dans la plus haute acception du mot. Maintenant, sauve-toi ;… je refermerai la porte… Va.

— Au revoir, Mademoiselle… Au revoir, Monsieur le curé, susurre le gamin d’une voix faible comme un souffle.

Il ouvre la porte par laquelle entre un flot de vent glacial.

— Rien sur la place, bonsoir.

Sur lui le battant se referma sans bruit.

Deux minutes plus tard, Espérat est de retour, devant la croisée de l’hôtellerie par laquelle il est sorti tout à l’heure.

Il frappe légèrement.

— C’est fait, dit-il.

Les volets s’entr’ouvrent.

Il se glisse par l’ouverture.

Les volets se closent.

Plus de traces de l’aventure.

Lucile est en sûreté.

Et dans la chambre où le fils adoptif de M. Tercelin vient de rentrer, on entend une sorte de murmure.

Le curieux qui eût appliqué son oreille aux contrevents, eût été surpris de percevoir ce singulier dialogue :

— Vous dites donc, Galimafré, que toutes les peaux peuvent servir à faire des gants ou des chaussures ?

— Toutes, sauf une, patron Bobèche.

— Quelle est donc celle-là ?

— La politique (peau litique).

— Galimafré, vous êtes un âne.

— Alors, patron, vous n’êtes pas Bobèche, mais Baptiste.

— Hein ? Pourquoi ?

— Parce que l’on dit toujours l’anabaptiste.

— Animal !

— Mon esprit ne vous plaît pas. Essayons d’autre chose. Un peu de géographie.

— Allez-y, Galimafré.

— Quelle est la rivière détestée des paresseux ?

— Je l’ignore.

— Eh bien c’est l’Aube, parce qu’à l’aube il faut se lever. Et celle que