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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/317

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CHAPITRE XIV

La Fatalité


Les lions ne succombent pas à la première blessure. Dans le sang qu’ils perdent, ils semblent puiser une énergie nouvelle. Où un autre fût demeuré accablé, Napoléon tira de son génie de nouvelles ressources.

Avec une audace qui stupéfia ses adversaires, il se lança, avec 48.000 hommes, à la poursuite d’un ennemi qui en comptait 100.000.

Il passa l’Aisne, lit ce furent alors des prodiges… Comme le cygne, l’Aigle avait réservé son meilleur chant pour l’heure suprême.

Ce sont les sanglantes journées de Craonne, où les Français, électrisés par leur chef, enlèvent, un contre deux, les plateaux occupés par l’armée russo-prussienne. C’est la terrible bataille de Laon, où les régiments, décimés par les combats précédents, un contre trois maintenant, se brisent sur les formidables retranchements élevés par les troupes de Blücher.

Puis la retraite sur Soissons, puis l’écrasement à Berri-au-Bac d’une division russe commandée par l’émigré Saint-Priest qui trouve la mort dans le combat.

Mais la fatalité travaille de son côté.

Des messagers arrivent. Ils racontent que l’armée austro-russe de Schwarzenberg s’est mise en mouvement, a refoulé les faibles contingents laissés par l’Empereur autour de Troyes.

Les 35.000 hommes que possède encore l’Empereur vont se trouver aux prises avec 170.000 ennemis.

Tout semble consommé.

Non… le génie est inépuisable. Napoléon conçoit, à cette heure, un plan nouveau, extraordinaire, qui effacera les récents succès des alliés. Il va marcher contre Schwarzenberg, rallier en passant les corps de