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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/332

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CHAPITRE XVI

Espérat rencontre la vérité


Deux cavaliers, le teint animé par une course rapide, se montrèrent sur la place, quelques minutes après le départ du capitaine.

Bobèche et Milhuitcent — c’étaient eux — hésitèrent. Vers quel point de la ville se dirigeraient-ils ? À qui adresseraient-ils les questions embusquées sur leurs lèvres ?

Comment Enrik avait-il entraîné Metternich ? où était maintenant Lucile ?

Des badauds bavardaient aux abords de l’église, commentant le mariage célébré en ce moment, et les voyageurs ne soupçonnèrent pas qu’il leur eût suffi de se mêler aux groupes pour apprendre ce qu’ils désiraient savoir.

Un roulement de charrettes pesamment chargées parvint, à leurs oreilles, appelant l’attention des bourgeois.

Bientôt, de la rue qui longe l’église du Saint-Voile, déboucha un lugubre cortège, un convoi de blessés.

Dans des véhicules de toute espèce, escortés de hussards autrichiens, des soldats pâles, hâves, sanglants, étaient entassés.

Ces malheureux, extraits des ambulances de Troyes pour faire place aux victimes de la bataille d’Arcis, avaient été dirigés sur Châtillon, où on les logerait comme on le pourrait.

Le chef de l’escorte, apprenant que le maire assistait à la cérémonie religieuse dont Saint-Voile était le théâtre, décida que l’on attendrait, sur la place, la sortie des époux et de leur cortège.

Les chariots sinistres s’alignèrent, pendant qu’un carrosse de voyage stoppait au bas des degrés du temple.

Cette voiture allait recevoir Enrik Bilmsen et sa désolée compagne, et les emporterait rapidement vers la résidence actuelle de M. de Metternich.

— Des blessés, avait murmuré Bobèche.