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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/363

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CHAPITRE XIX

Les Fontaines de Juvisy


Parmi les troupes qui se hâtaient vers Paris, avec le désir héroïque de rejoindre les généraux Marmont et Mortier, rejetés par l’ennemi sous les murs de la capitale, l’Empereur allait silencieux et morne, suivi de son escorte, dont faisaient partie Marc Vidal, Espérat, Henry, Bobèche, tristes comme Napoléon lui-même.

Plus de plaisanteries, plus de rires : la verve du pitre faisait trêve, la confiance de Milhuitcent s’était endormie.

Non, on ne marchait pas à la victoire. La suprême chevauchée aboutirait à la catastrophe.

L’Empereur serait vaincu ; le titan serait renversé.

Et la France, la France… que deviendrait-elle ?

Voilà ce que se demandaient les fidèles.

Espérat, lui, ne concevait pus le pays sans son idole impériale. Napoléon écrasé, il n’y avait plus de France à ses yeux. Aussi sa douleur était-elle poignante.

Le 29 mars, on franchit l’Aube à Dolancourt, on alla coucher à Troyes, laissant en arrière l’armée qui ne pouvait se déplacer aussi rapidement.

Si Napoléon se pressait ainsi, c’est qu’il avait reçu en chemin un message envoyé de Paris par M. de Lavalette.

Message terrible et décourageant.

La veille, le conseil de régence s’était réuni pour décider de la conduite à tenir, en présence des armées de la Sainte-Alliance proches de Paris.

M. de Talleyrand consulté avait émis l’opinion que l’Impératrice régente Marie-Louise et le petit roi de Rome devaient quitter la capitale menacée.

Une discussion orageuse s’en était suivie, après laquelle Joseph Bonaparte, Cambacérès et le ministre de la guerre Clarke avaient accompagné l’Impératrice dans ses appartements. Ils avaient tenu autour d’elle une