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Page:Ivoi - Le Maître du drapeau bleu.djvu/146

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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— De n’avoir entre nous aucun secret.

— Mais nous n’en avons pas.

À cette affirmation de la gentille Japonaise, Sara répondit doucement :

— En êtes-vous certaine, Lotus-Nacré ?… En êtes vous certaine, petite fleur des Îles du Soleil Levant ?

Et l’interpellée se taisant :

— Par la manière cruelle dont il se joue de moi, j’induis ce qu’il peut faire vis-à-vis de vous.

— Que peut-il ?

— C’est à le rechercher que je vous convie. Plus de secrets… unissons-nous loyalement, sans arrière-pensée. On ne se figure pas ce que peut donner l’alliance de trois faibles petites femmes qui veulent savoir quelque chose.

Cela fut dit d’un ton décidé, mutin, menaçant et gai, qui impressionna les interlocutrices de l’aimable Parisienne, car Mona se décida brusquement :

— J’ai foi en vous ; Log m’a affirmé…

Elle parut hésiter encore.

— Dites, dites… supplia tendrement Sara.

— Eh bien… il m’a affirmé que mon mariage avec Dodekhan était le premier célébré.

— Pardon, c’est à moi qu’il a dit cela, interrompit Lotus-Nacré.

— À moi !

— À moi !

— À toutes deux, mes petites amies, à toutes deux. Il trompe donc au moins l’une de vous. Quel intérêt a-t-il à déchirer le cœur de gentilles fillettes ?…

— C’est à moi qu’il a menti, gronda la Nippone, les dents serrées.

— Pourquoi ? — Il m’a chargée de rapporter ses paroles à mon père… C’était lui qu’il voulait induire en erreur, et par lui, S. M. le Mikado.

Un sanglot de Mona l’interrompit.

— Non, non, gémit la jeune Russe… J’ai dû répéter à mon père… c’est lui, c’est la Russie qu’il a prétendu aveugler.

Il se fit un morne silence, puis la voix de Sara s’éleva, grave et douce :

— Êtes-vous persuadées de l’excellence de la franchise absolue entre nous ?

— Oui, affirmèrent-elles, sans hésitation.

— Alors, mettez vos mains dans les miennes.