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Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/406

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consulter durant quelques secondes, puis, prenant son parti :

— Non, il n’y a pas à hésiter. Tout retard est dangereux. Qu’ils se lèvent ! Plus tard, ils dormiront tout à leur aise.

Et il gagna la porte du trusteur canadien, sur le panneau de laquelle il exécuta un roulement continu.

L’effet de cet exercice ne tarda pas à se produire. Le battant tourna sur ses gonds, démasquant la figure ahurie de M. Defrance.

— Qu’est-ce ? Ah ! c’est vous ! Pourquoi me réveiller à cette heure ?

— Bon ! je ne vous réveille pas, car vous ne vous êtes point couché.

En effet, d’un coup d’œil, le joaillier avait constaté que son interlocuteur était complètement vêtu.

D’un mouvement si brusque que M. Defrance ne put s’y opposer, Larmette poussa la porte. Il eut un cri joyeux. Dans la pièce, Fleuriane était assise auprès d’un guéridon, absorbée en apparence dans la lecture d’une revue.

— Tous les deux ! parfait ! s’exclama le drôle. Que me parliez-vous donc de votre sommeil, mon cher beau-père ?

Le Canadien rougit sous l’appellation ironique.

— Nous désirions ne pas jouir de votre société ce soir. La souffrance a parfois besoin de vacances. Mais pareille déclaration n’était pas pour émouvoir le nouveau venu.

— Vous aurez des vacances plus tard.

— Comment ? ! Prétendez-vous nous imposer votre présence ?

— Oui et non. Je vous emmène.

— Où donc ?

— Vous le verrez. Sachez seulement qu’il s’agit d’une promenade en automobile. Au clair de lune, rouler à travers la campagne, quoi de plus poétique ? Quoi de plus capable à faire rêver les jeunes filles ?

— Mais enfin, si nous refusions ?

Larmette coupa rudement la protestation commencée.

— La chose en question est de celles où je ne permets pas la résistance. Veuillez prendre votre chapeau. Vous, mademoiselle, faites de même.

Et, arrêtant toute nouvelle interrogation de ses victimes, tremblantes et irritées :

— Je vous instruirai en chemin. Je vous donne  cinq minutes ! Je vous attends au garage de l’hôtel.