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Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/42

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mes stationnaient sur le trottoir en face de l’entrée du Grand-Hôtel.

Ils se tenaient sous les arbres qui bordent le boulevard des Capucines, mais leurs yeux détaillaient tous les personnages qui se montraient dans le vestibule brillamment éclairé de l’établissement.

— Pensez-vous qu’il viendra ? fit entre haut et bas l’un des curieux, en qui on eût pu reconnaître l’employé qui avait suivi sir Braddy, après sa sortie du magasin de la rue de la Paix.

— Je l’espère, riposta l’autre sur le même ton. Il ne m’a pas été signalé dans la journée… Donc, si le liseur de mains ne s’est point trompé, il pourrait bien se présenter ce soir, ce satané Dick Fann.

— Il vous inquiète, monsieur Larmette ?

— Le cerf qui ne s’inquiète pas en croisant la trace d’un fin limier mérite de figurer à l’hallali.

Sur cette réplique sentencieuse, la conversation prit fin.

Les causeurs observaient toujours. Soudain, ils eurent un tressaillement. Dans la baie inondée de lumière, la silhouette d’un homme coiffé d’un chapeau beige, enveloppé d’un pardessus gris, se découpait. Le nouveau venu entra sans hésiter, en familier du Grand-Hôtel, et se dirigea vers l’un des escaliers.

— C’est lui, monsieur Larmette.

— Parbleu ! je le vois bien… J’ai envie de le surprendre en conversation avec son ami Braddy…

— Ne s’étonnera-t-il pas de vous voir ?…

— Mais non. Démarche toute naturelle. Volé, je veux savoir s’il y a chance de capturer mes voleurs.

Ces mots furent soulignés d’ironie.

— Et puis… Voyons, Davisse, ne trouveriez-vous pas intéressant d’apprendre de sa bouche même ce qu’il pourra comploter contre nos chers cambrioleurs ?

— Certes… mais dangereux aussi.

— Bah ! la vie n’est qu’une défense contre des dangers sans nombre… un de plus, un de moins… Faire face toujours, voilà la vraie tactique… Si Dick Fann se trompe, nous le laisserons marcher. Mais s’il met le pied dans un chemin capable de le conduire à la vérité, alors, ah ! alors…

Le ton de Larmette exprimait la menace.

— Quoi, monsieur Larmette, vous iriez jusqu’aux grands moyens ?