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Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/89

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réussit à arriver auprès de Fleuriane qui, flanquée de Mme Patorne, attendait patiemment le moment de débarquer.

D’un coup d’œil rapide, le jeune homme s’assura que la dame de compagnie, toute au rêve grotesque qui chantait maintenant en elle, ne prêtait aucune attention à ce qui se passait autour de sa romanesque et anguleuse personne.

À trente pas, Larmette, Davisse et l’ingénieur Botera lui apparurent prêts à s’élancer sur la passerelle que les matelots jetaient à ce moment entre le steamer et le quai.

Et certain de ne pas être épié, il murmura à l’oreille de la jeune fille :

— Je demande votre pardon de vous prier de procéder aux formalités de douane pour votre automobile.

Elle l’interrogea du regard.

— Important pour moi d’avoir les mouvements libres… Attendez nouvelles au Central-Hôtel… Vous enverrai wattman nécessaire.

Fleuriane voulut parler encore. Il s’était éloigné déjà.

Et puis un tintamare de cuivres éclata soudain, couvrant tous les bruits. Un orphéon colossal, composé de plus de trois cents exécutants, attaquait la Marseillaise. Une colonne compacte d’hommes précédés par des hautes affiches les suivaient.

Sur les affiches, on lisait en caractères énormes :

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx RAID — NEW-YORK — PARIS
WELCOME !
WELCOME !
WELCOME !

C’était l’association des clubs automobiles de l’Union qui venait recevoir au débarqué les champions de la course géante organisée par le journal français. Le capitaine du steamer accourut auprès de Fleuriane. Bon gré, mal gré, elle dut prendre son bras, traverser la passerelle, et suivie par les divers concurrents de l’épreuve sportive, se laisser entraîner à l’Automobile Palace, où les sportsmen américains avaient dressé un lunch monstre, exorbitant comme tout ce qui naît dans les cerveaux américains.

Quatre mille gentlemen et ladies toastèrent, applau-