Aller au contenu

Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cha le papier de la flamme dansante. Il y eut un grésillement, une langue de feu monta ; la missive noircit, se recroquevilla, laissant seulement sur le marbre de la cheminée une boulette charbonneuse que le souffle du petit Parisien dispersa en impalpables fragments dans la cheminée.

Et deux larmes brûlantes roulèrent sur les joues de Fleuriane. Pourquoi ces pleurs ? Elle n’eût su les expliquer. Pourtant, son cœur était triste, triste à mourir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dick Fann avait voulu qu’au moins durant la traversée du continent américain, la voyageuse n’eût à redouter que les éléments et les fatigues de la route. Profitant de l’ovation inattendue des cercles automobiles de New-York, ovation qui, emprisonnant ses adversaires, lui laissait ses coudées franches, il s’était prestement perdu dans la foule des oisifs, des badauds, des curieux, accourus au bruit.

Il marchait vite, l’œil aux aguets, mais son regard inquisiteur ne rencontra aucune figure qui pût donner prise au soupçon.

Gentlemen, ouvriers, ladies, enfants, tous ne manifestaient qu’une pensée, tous proféraient un seul cri :

— Hip ! Hip ! Hurrah !

Et cependant, au bout de cent pas, Dick s’arrêta net. Toutes les fenêtres des hôtels alignés le long du quai des débarcadères étaient garnies de spectateurs.

Or, au second étage d’un immeuble, portant en lettres d’or cette enseigne flamboyante :

SPORT’S PALACE


il venait de découvrir un personnage dont l’aspect l’avait pétrifié.

— Ah ! murmura-t-il, s’ils font le jeu de Larmette, à présent !

La phrase indiquait que l’inconnu ne lui apparaissait pas comme ennemi. Il reprit à mi-voix :

— C’est lui, il n’y a pas de doute. Je ne l’ai jamais vu, mais je le reconnais certainement.

Que signifiait cette exclamation, à tout le moins bizarre ?

Cependant, le jeune homme devait se sentir une