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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/112

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Et, câline :

— Petit père, veux-tu que ta Daalia soit heureuse ?

— Tu le demandes ?

— C’est une façon de parler. Je sais bien que tu m’aimes. Mais il faut plus encore, il faut que tu m’encourages.

Le timbre d’une pendule résonna douze fois dans le silence de la nuit.

Tous se dressèrent sur leurs pieds.

— Minuit, murmura la nourrice.

— Minuit, redirent le vieillard et sa fille.

Ils s’étreignirent, échangeant de tendres baisers.

Puis Daalia se dégagea et, avec fermeté :

— Allons, père, conduis-moi à mon palanquin.

François Gravelotte ne résista pas.

Pressant sous son bras, le bras de la jeune fille, il l’entraîna hors de la salle. La nourrice les suivait, une expression indéfinissable contractant son visage. Gaieté, tristesse, semblaient se partager l’esprit de la bizarre créature.

Dans la cour, une chaise à porteurs attendait.

Auprès du véhicule, l’équipe malaise, chargée de le transporter sur l’épaule, était immobile comme si ceux qui la composaient eussent été de bronze.

Ils n’avaient point les somptueux vêtements de jour, le casque strié de bandes d’or. Non, un simple sarang (manteau) couvrait leur torse, et sur le sommet du crâne s’arrondissait une calotte basse.

Un dernier baiser à son père, et Daalia prit place dans la chaise. Rana y monta aussitôt.

Puis, une exclamation gutturale se fit entendre. Avec une précision militaire, les porteurs se mirent en place sous les brancards.

À un second signal, le cortège partit au trot, traversa la cour d’honneur et franchit la porte accédant à la route.

Un instant encore, François put apercevoir les ombres mouvantes, fuyant au milieu des arbres, puis tout se confondit, se noya, dans l’obscurité bleutée de la nuit équatoriale.

Alors le vieillard étendit les bras en un geste résigné, leva les yeux vers la voûte du firmament, bril-