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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/118

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verser le sentier. C’étaient des oiselets, au plumage d’une richesse inouïe, qui passaient, donnant la perception de pierres précieuses animées.

Partout éclatait la magnificence de l’archipel aimé du soleil.

Et bercés par le balancement de la chaise, éblouis quoi qu’ils en eussent par l’apothéose fleurie à travers laquelle leurs porteurs enivrés, les entraînaient, Fleck et Niclauss firent trêve à leurs préoccupations intéressées.

Leurs supputations de chiffres s’embrouillèrent, leurs répliques se firent plus rares. Ces êtres épris d’argent étaient vaincus par la nature grandiose.

La vallée traversée, une sente raide, escarpée, se présenta escaladant les flancs d’une hauteur boisée.

Lorsque l’inclinaison de la route varie, les porteurs, avec une dextérité remarquable, modifient le port des brancards, de telle sorte que le plancher de a litière demeure horizontal. À cet effet, les uns conservent le port sur l’épaule, les autres le descendent à la hanche.

Niclauss et son futur beau-père ignoraient cette particularité.

Mal leur en prit, car, dès les premiers pas, les porteurs d’avant étant sensiblement plus haut que ceux d’arrière, ils se trouvèrent renversés au fond de la chaise, les pieds à l’alignement du menton.

À peine avaient-ils pesté contre cette position incommode, qu’une secousse soudaine les envoyait, en sens inverse, donner du nez contre les tentures vertes.

Une déclivité du chemin en était cause.

Durant deux heures, au hasard de la montée, ils furent secoués comme crème en baratte, projetés en arrière, au grand dommage de leur dos et de leurs reins, ramenés en avant aux dépens de leurs visages.

Ils rugissaient, gémissaient, invectivaient vainement les Malais, artisans de leur supplice.

Les porteurs ne ralentissaient pas leur course ; les degrés rocheux du sentier escarpé n’opposaient point à la marche un obstacle moins pénible à franchir.

Et, dans les arbres, une bande de singes gris à collier, sans doute amusée par l’allure inaccoutumée du