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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/120

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perte de vue, coupées de loin en loin par des alignements d’arbres et de buissons.

— On dirait un paysage du Palatinat, remarqua l’agent d’affaires. 

— Si l’on veut, soupira Niclauss…, car voilà certes des personnages que l’on ne rencontrerait pas dans le beau pays rhénan.

On traversait à ce moment un des nombreux ruisseaux dont les lignes d’arbres marquaient le cours, et de chaque côté du gué, des serpents, azurés ou émeraude, nageaient fièrement, la tête dressée de 30 centimètres au-dessus de l’eau.

— Des serpents !

Sans avoir besoin de se concerter, les deux causeurs se prirent à trembler avec un parfait ensemble.

— Sont-ils venimeux, s’écria Niclauss s’adressant à l’un des porteurs.

Ses dents claquaient.

— Qui ? fit paisiblement l’interpellé.

— Ces reptiles, donc.

— Pas tous, seigneur, pas tous ; mais il y en a dans le nombre dont la morsure tue en cinq minutes.

L’indigène disait cela d’un ton détaché, ce qui redoubla la terreur de son interlocuteur.

Fleck n’était pas moins terrifié.

Pourtant, le ruisseau fut franchi sans encombre.

Deux, trois cours d’eau, toujours infestés de reptiles, se rencontrèrent encore.

Les voyageurs commençaient à s’accoutumer à cette escorte rampante et nageuse. Après tout, les serpents ne manifestaient aucune intention belliqueuse. Ils convoyaient la petite troupe ainsi que l’eussent fait les gardiens bien stylés d’un péage.

Donc, sans trop frissonner, Fleck signala à son compagnon un cinquième ruisseau barrant la route.

— Le dernier avant le village, expliqua un Malais.

— Le dernier, ouf !

— Ouf ! C’est le cas de le dire, appuya Niclauss. Entre nous, Herr Fleck, je ne serai pas fâché d’arriver.

— Moi, non plus, mon brave Herr Gavrelotten.

La litière atteignait là berge.