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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/149

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Albin et Morlaix sautèrent à terre, soldèrent l’automédon et demeurèrent un instant en contemplation devant l’édifice.

Tout de marbre, l’hôtel se compose d’un bâtiment central, supporté par une double colonnade, qui le laisse à jour de part en part. Une véranda courait du côté où ils se trouvaient, et là, nonchalamment étendus sur des berceuses en rotin, des officiers, des étrangers, semblaient somnoler dans la chaleur torride au jour.

Sur la face opposée, un kiosque ovale, ouvert à toutes les brises, était la salle à manger ; des ailes en retour contenant les chambres des voyageurs l’encadraient.

Sous la colonnade, sous les vérandas, à travers les salles, s’agitait une nuée de serviteurs malais, en longues robes de soie ou d’indienne rouge, casqués du turban bleu, la taille entourée d’une ceinture dorée.

— Ces Messieurs désirent prendre leur repas ?

C’est un petit homme à la tunique de soie, — un maître d’hôtel, — qui parle ainsi.

— Pas pour l’instant. Des chambres et du repos.

Le serviteur s’incline et conduit les voyageurs.

C’est dans l’aile gauche que sont situées les pièces mises à leur disposition. Deux salles spacieuses peintes en blanc, dallées d’une mosaïque de marbre.

Par les fenêtres sans châssis, qu’abritent des stores de fine paille de riz, les jeunes gens aperçoivent la salle à manger, les parterres qui l’entourent.

Il fait une chaleur étouffante. Le thermomètre marque 46° au-dessus de zéro, et les Français, accablés, demeurent sans voix, sans mouvement, affalés sur des chaises de bois recourbé.

Mais Morlaix tressaille.

En bas, au-dessous de lui, il a vu sa compagne de traversée : Lisbeth, que précèdent Fleck et Niclauss.

La poupine blonde aussi l’a vu.

Elle lui adresse un geste. Il semble qu’elle lui désigne le vestibule à jour sous la façade principale, comme pour lui dire :

— Allez m’attendre là… ; je trouverai le moyen de vous rejoindre… ; j’ai des nouvelles à vous apprendre.