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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/157

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— Où va-t-il donc ? Aurait-il l’intention de partir avant nous ?

Il serra les poings.

— Me jouer encore. Ah ! non ! S’il part, je vous donne mon billet que Fleck et sa sotte pécore de fille auront fini de dormir pour aujourd’hui !

Il s’était éloigné de la croisée.

— Oh ! il faut que je sache ! fit-il.

Prestement, il glissa un revolver dans sa poche, ouvrit sa porte sans bruit et descendit, non sans maudire les degrés qui gémissaient sous son poids.

Sur le seuil du jardin, il s’arrêta, scrutant l’ombre.

Albin entrait à cet instant dans un hangar, où les jardiniers remisaient leurs instruments de jardinage.

— Que va-t-il faire là ? Bah ! il ne peut me voir. Profitons-en pour me rapprocher de lui.

Et, se coulant dans la bande d’ombre plus épaisse bordant les massifs, Niclauss se lança sur les traces de son cousin.

Brusquement, il se blottit derrière un tabura aux larges feuilles.

Gravelotte sortait du hangar, portant à bout de bras une échelle.

— Une échelle, maintenant ! grommela l’espion. Qu’est-ce que signifie cette manœuvre ?

Albin ne pensait pas être surveillé. Chargé de son fardeau, il se dirigeait vers la façade de l’aile droite.

Toutes les fenêtres, sauf une, étaient obscures. Celle qui faisait exception laissait filtrer une vague lueur à travers le tissu du store baissé.

Cette lumière douce, atténuée, avait quelque chose de mélancolique, de douloureux même. On sentait autour d’elle une souffrance.

Que ce soit au milieu de la végétation luxuriante de Java ou dans les ruelles grises d’une cité d’Europe, la lampe qui se consume, alors que tout repose, révèle le labeur opiniâtre de la pauvreté ou la veille angoissée de la maladie

Niclauss ne se fit pas ces réflexions.

Il était sorti de sa cachette, et, courbé en deux, presque rampant, il suivait son cousin.

Sur la bordure dallée courant au pied des murs