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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/161

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avant lui, et que son voile bleu d’Américaine avait poussé sur son chapeau, au débarqué, uniquement pour masquer ses traits charmants et lui permettre d’échapper à la curiosité.

Le plus fin diplomate, d’ailleurs, en pareil cas, eût été mis en défaut.

Donc, à petits pas, léger comme une ombre, Albin revint à la fenêtre.

Il se mit à califourchon sur le rebord, et du pied chercha l’échelle.

Son pied ne rencontra que le vide.

Il se pencha, appelant ses yeux au secours de son toucher, et il resta là, bouche bée.

L’échelle avait disparu.

Gravelotte ne songea pas à Niclauss. Et pourtant, la plaisanterie qui le plaçait dans la plus fausse des situations, était du fait de l’Allemand.

En voyant son cousin disparaître par la fenêtre de la chambre éclairée, Gavrelotten n’avait pu résister à l’envie de lui jouer un bon tour.

Il avait couru à l’échelle, l’avait enlevée ainsi qu’une plume, et, triomphant, l’avait reportée dans le hangar des jardiniers.

Après quoi, ravi, se frottant les mains, il s’était précipité vers l’aile gauche, et, s’enfermant dans sa chambre, il s’était assis, essoufflé, ne sachant trop si les battements de son cœur provenaient de la rapidité de sa course ou de la satisfaction du devoir accompli.

Car pour lui, le devoir consistait à faire pièce, en particulier à Albin, et généralement à quiconque se dresserait entre sa personne et les millions de l’oncle François.

Dans son innocence, Gravelotte pensa :

— Un domestique aura vu l’échelle et l’aura rangée, sans se douter qu’il me coupait ma ligne de retraite.

Cette affirmation indulgente admise, le jeune homme n’en restait pas moins prisonnier.

— Le chemin des croisées m’est interdit, il me faut donc sortir par la porte.

Ce disant, il eut une grimace.

L’entrée seule praticable désormais découpait son