Aller au contenu

Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il a l’impression que la jeune citoyenne des États-Unis a respiré l’air, là où il est maintenant.

Avec un émoi délicieux, il suppute son avance. Ce n’est point ici qu’elle a fait halte ; mais à une heure de marche de là. Quel est l’aspect du décor où elle a décidé de bercer sa sieste ? 

Rêverie où se marient les fleurs et la jeune fille, et que vient troubler parfois le souvenir de l’oncle François.

Alors, Albin a un geste rageur. Il mâchonne entre ses dents des protestations irritées :

— Après ? Elles vont à Djokjokarta. Là aussi m’appelle mon devoir de neveu. Ne puis-je suivre à la fois ma route… et elles ?

Mais la voix du raisonnement lui répond :

— Tu es stupide. Tu t’engages dans une voie sans issue. Ou tu délivreras ton oncle, comme tu l’as promis, et tu finiras tes jours à Sumatra entre tes huit fiancées battas, dont la première a l’air d’un singe et la seconde d’un jabot de paon ; ou bien tu suivras cette fille d’Amérique dont tu sais à peine le nom, et tu trahiras l’espérance que le frère de ton père a mise en toi.

Conclusion de ce dialogue intérieur : un coup de talon violent, qui réduisit en bouillie une touffe de brins d’herbe, bien innocents pourtant du désarroi cérébral du Parisien.

La justice humaine est ainsi faite. On cherche non pas à punir le coupable mais à transmettre à un autre le dommage que ce coupable a causé.

Tout en déambulant, en se chamaillant avec lui-même, Albin était arrivé près d’un buisson, sur lequel s’enroulaient les tiges grimpantes de vanilliers sauvages.

Les gousses, couvertes d’un enduit gommeux, répandaient dans l’air leur délicieuse odeur aromatique.

Soudain, un point blanc attira l’attention du jeune homme.

C’était, à n’en pas douter, un morceau d’étoffe, qu’une branche avait happé au passage.

Albin se rapprocha, sa main saisit le léger tissu.

Avec stupéfaction, il constata qu’il tenait un lam-