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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/201

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Aussitôt elle appela :

— Mable !

— Mistress, répondit, au ras du plancher, l’organe de l’opulente Grace ?

— Relevez-vous, le danger est égal à zéro.

— Vous croyez ?

— Je suis certaine.

Un roulis, parcourut la masse de Mable, mais il s’arrêta de suite, interrompu par un cri de douleur.

— Eh bien ! Qu’attendez-vous pour soulever vous-même ?

— Je n’attends pas.

— Alors, mettez-vous debout.

— Je ne peux pas.

— Que signifie ?

— Cela signifie que mon nez s’oppose à ce que mes pieds me supportent !

À ces mots, d’apparence paradoxale, Eléna se rapprocha de sa compagne, et soudain elle comprit.

Sous le poids anormal de Grace, les lames du parquet (installé de manière primitive) avaient subi un léger déplacement. Deux d’entre elles s’étaient resserrées, emprisonnant, entre leurs tranches, le bout du nez de la demoiselle de compagnie, que la fatalité avait précisément amené dans leur écartement.

— Oh ! pauvre chère, s’exclama la jolie blonde en comprimant à grand’peine son envie de rire, comment votre gracieux nez se trouve-t-il en si fâcheuse posture.

En pareille occurrence, la pitié ne suffit pas. Mistress Doodee dut utiliser son ombrelle comme un levier.

Avec un levier, Archimède se vantait de soulever le monde ; avec le sien, la délicate Anglaise contraignit les planches à s’écarter et à rendre la liberté à l’appendice nasal de sa compagne.

Suant, soufflant, geignant, celle-ci se releva aussitôt, présentant aux regards de la gentille veuve, un nez, l’extrémité meurtrie, violacée.

Mais cette façon de transformer un appendice nasal en aubergine ne provoqua point les railleries d’Eléna. La curiosité la tenait. Elle voulait connaître le contenu du billet-projectile arrivé par la fenêtre.