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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/27

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Ici le ventripotent personnage s’arrêta, et couvrant ses auditeurs d’un regard triomphant :

— Comprenez-vous ?

— Non, bredouilla Gavrelotten.

— Non, c’est pourtant clair. Je vous conduis à Sumatra, je vous présente à votre oncle comme le neveu libérateur…

– J’aimerais mieux confier la chose à un autre.

– Impossible. Il faut faire la preuve de la parenté.

Avec désespoir, Niclauss gémit :

– Ce que vous m’offrez, c’est d’être prisonnier à la place de l’oncle François. Vous promettez dix millions, et en fin de compte, vous tenez… un cachot.

– Le cachot de Socrate, avec la ciguë, pleurnicha Lisbeth.

– La ciguë, un poison… désolation.

Lisbeth opina de la tête :

– C’est bien le sens que lui attribue le Langage des fleurs, page 23, colonne 2, ligne 17.

Leurs plaintes ne troublèrent pas M. Fleck. Il les considéra avec un air d’indicible supériorité, puis tout plein de condescendance :

– Jeunes fous à la pensée trop courte, vous prenez donc le papa Fleck pour une mazette, pour une vieille baderne ; écoutez et regrettez votre fausse appréciation.

Il se récompensa d’une nouvelle prise et lentement :

– Vous vous lancez, cher Niclauss, à la conquête des huit fiancées que l’oncle François vous désigne.

– Huit, et Lisbeth, ça fait neuf.

– Non, mon enfant, cela ne fait qu’une, car vous ne réussissez pas à obtenir le consentement des dames battas.

– Alors, pourquoi le voyage ?

– Pour inspirer confiance à l’oncle. Votre insuccès matrimonial vous désespère. Alors vous mûrissez un plan hardi, mais réalisable. Vous ferez évader votre oncle chéri. Pour cela, il vous faut un navire à vous. Hélas ! votre fortune n’est pas assez grande pour que vous supportiez pareille dépense. François, ému par votre dévouement, se souvient qu’il a dix millions