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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/321

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Avec la meilleure volonté du monde, il devenait impossible de continuer la route. Sans se consulter, tous deux s’en rendirent compte.

— Que faire ? prononça Lisbeth d’une voix assourdie, comme si elle craignait que d’invisibles ennemis pussent surprendre ses paroles.

— Ma foi, répliqua son compagnon, il faut renoncer à atteindre Manille avant le jour.

— Quoi ? passer la nuit ici… alors que des animaux sauvages…

Le Français l’interrompit :

— Tout d’abord, je veux vous mettre hors de portée des fauves.

Et persuasif :

— Nous sommes arrêtés au pied d’un gros arbre, dont les branches forment un siège à six mètres du sol. J’ai vu cela tout à l’heure, aux derniers rayons du jour. Je vais vous installer là-haut et nous attendrons l’aube, sinon commodément, du moins en sûreté.

Il n’acheva pas.

Peureusement, Lisbeth se serrait contre lui et tout bas, frissonnante, elle disait :

— Regardez, là, autour de nous, ces points brillants qui se déplacent.

En effet, dans l’ombre, des lueurs passaient, tournant autour des voyageurs. Des souffles pressés bruissaient ainsi que des frôlements inexplicables.

Qu’était cela ?

Morlaix n’eut pas le loisir de répondre à l’angoissante question. Des torches brillèrent tout à coup, éclairant d’une lueur rougeâtre, de grands chiens en arrêt à quelques pas des égarés.

Puis, avant d’avoir entrevu les porteurs des flammes résineuses, les jeunes gens furent saisis par des mains nombreuses, séparés.

Les flammes s’éteignirent et dans l’obscurité, des ombres à peine perceptibles entraînèrent les prisonniers vers une destination inconnue.