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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/340

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CHAPITRE VIII

NOBLE ANGLETERRE, POURQUOI T’AI-JE QUITTÉE ?


À la voile (parfaitement ! à la voile), le Jacinto, cargo-boat de la compagnie « Insulindia », fit son entrée dans le port de Manille, avec six jours de retard.

Avarie de machine, disait le journal du bord, cas de force majeure.

C’était là également la réponse invariable du capitaine à ceux de ses passagers qui déploraient la substitution de la voile à la vapeur.

Et parmi ces mécontents, deux… mécontentes s’étaient signalées par l’acrimonie de leurs plaintes.

Elles avaient nom Eléna Doodee et Mable Grace.

De fait, les Anglaises étaient parvenues au dernier degré de l’exaspération, et à moins de posséder le calme inaltérable d’un de ces bivalves, qui consentent à ne quitter leur banc que pour passer dans l’estomac des gourmets, on doit reconnaître le bien-fondé de la fureur britannique des voyageuses.

En vérité, le mauvais sort s’acharnait contre elles.

Depuis leur départ d’Angleterre, les aventures saugrenues se succédaient. Saugrenues, passe encore, mais inexplicables, torturantes pour leur curiosité.

Amenées à bord par Oraï, sans savoir pourquoi, le sacrificateur leur avait déclaré qu’elles seraient libres, débarrassées à jamais de sa compagnie aussitôt l’arrivée à Manille. 

Et voilà que ce maudit bateau retardait l’instant de leur libération. Voilà qu’il devenait voilier.