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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/35

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Ah ! Lisbeth ne songeait ni à parler ni à désobéir.

Les paroles se fussent étouffées dans sa gorge contractée par l’épouvante.

Ses membres que paralysait une terreur grandissante lui eussent refusé leur service.

Sa pensée seule vivait, encore qu’elle flottât confusément dans son cerveau, comme une onde tournoyante au–dessus d’un gouffre.

Une question se présentait clairement dans ce chaos :

– Quels sont les hommes qui ont surpris le secret de mon père et se sont donné mission d’en rendre impossible l’exécution ?

Mais si l’interrogation était nette, la réponse, elle, ne se présentait pas même sous une forme obscure.

La réponse, c’était le néant.

À un moment, ses compagnons lui adressèrent quelques mots qu’elle ne comprit pas.

Un bandeau fut appliqué sur ses yeux sans qu’elle songeât à s’y opposer.

Puis le mouvement de la voiture cessa. 

Lisbeth, aveuglée maintenant, fut saisie par les bras, tirée hors du fiacre. Entre ses gardiens, elle parcourut un espace dallé que, à la résonance du bruit des pas, elle jugea être un vestibule.

– Montez, murmura-t-on à son oreille.

Elle leva docilement le pied.

Un escalier couvert d’un tapis fut ainsi gravi. Lisbeth, se souvenant des récits d’aventures policières ou d’évasions célèbres, compta les marches. À vingt-huit on l’arrêta.

Une porte s’ouvrit, puis se referma lorsque Lisbeth et ses gardiens furent passés.

La jeune Allemande fut assise sur un corps dur, que ses mains, redevenues libres, reconnurent pour un coffre de bois orné de sculptures.

– Vous pouvez retirer votre bandeau, fit la voix qui déjà avait résonné tout à l’heure.

Lisbeth profita de la permission, mais la vue recouvrée ne lui apporta qu’une désillusion.

Elle se trouvait dans une grande pièce nue, meublée seulement du coffre sur lequel elle s’appuyait.