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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/353

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Et vite, bredouillant dans son désir de se débarrasser de la terrible communication dont l’insurgé l’avait chargée, elle narra son arrestation, son entrevue avec le chef philippin, la lecture de la lettre adressée au capitaine Stiggs :

— Si demain, à midi, cette jeune fille n’est pas ma prisonnière, je mettrai à mort tous mes captifs. »

La douce voix de l’Anglaise sonnait lugubrement dans le caveau.

— Diable ! gronda Fleck.

— Diable l’appuya Niclauss, heureux en son trouble d’emprunter à son beau-père un mot en situation.

Morlaix et Lisbeth se considéraient d’un air désolé.

— Mais, conclut enfin Mrs. Doodee, en face de la menace de ce señor Moralès, qui me parait homme à tenir ce qu’il promet, la personne dont il s’agit consentira peut-être à se livrer. Très riche, une rançon c’est peu de chose.

— Elle ne se livrera pas.

L’affirmation, jaillie des lèvres de Gravelotte, fit tressaillir les assistants.

Pourquoi disait-il cela ? Pourquoi tuait-il la dernière espérance des condamnés ?

On l’interrogeait des yeux, du geste. Il eut un sourire mélancolique.

— Mes amis, mesdames, je vous dois un aveu. Il y a quelques jours, Moralès me demanda devant lui, vous vous en souvenez.

— Oui, certes !

— Il me proposa d’écrire au Capitaine Stiggs en vue du même objet, m’avertissant qu’en cas de réponse défavorable, je serais pendu.

— Vous ne l’avez pas été.

— Non, pas que je sache, du moins. J’étais seul en cause, en préférant la mort à un moyen de salut pareil, je ne faisais tort à personne. J’écrivis à sir Stiggs en le priant de veiller étroitement sur celle qu’il garde. Il doit me croire trépassé à cette heure, car la clémence de Moralèes me surprend moi-même. Conclusion : il ne tiendra aucun compte de la missive du chef rebelle et nous…

Ce fut un concert de lamentations. Plus agacée que