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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/399

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— Il a l’air de nous escorter à distance.

— Absolument.

— Impossible de distinguer ses couleurs ?

— Impossible.

Et soudain une voix prononce :

— Si la guerre était déclarée… Si c’était un vaisseau japonais nous observant avant de nous attaquer ?

Qui a parlé ? Tout le monde et personne. La phrase a passé, causant un frémissement général, et puis, tous les assistants ont répondu à la fois.

— Cela se pourrait.

— Il trouverait à qui parler.

— Le Varyag est un brave navire…

— Dont les canons sont de force à soutenir la conversation.

À qui dit-on ces choses. On ne le sait pas. Celui qui a lancé l’idée a été surpris lui-même de l’expression et maintenant peut-être, il réplique plus fort, plus ardemment que les autres.

— Que l’on prenne les dispositions de combat.

Ces mots du commandant, dits avec calme, se répètent de bouche en bouche. Ils font le tour du croiseur ; du pont, ils descendent dans les machines, les cales. L’équipage semble saisi d’une sorte de fièvre. Tout se met en mouvement, hommes et choses ; les canons sont débarrassés de leurs étuis ; on essaie les monte-charges qui servent les obusiers, des hommes de la compagnie de débarquement s’arment en hâte.

Puis ce brouhaha s’apaise, s’éteint. Chacun est à son poste de combat. Le Varyag est prêt à engager la lutte avec l’ennemi possible.

Mais le navire qui a causé tout ce remue-ménage ne parait pas en avoir souci. Il est toujours aussi loin… Toujours là-bas, à l’horizon, il file vers le nord, laissant après lui un nuage de fumée.

Cela dure une heure, deux heures.

On croirait que les deux steamers exécutent une course.

Les assistants, passagers ou matelots, s’agacent, s’énervent.

Appuyée au bras d’Albin, Daalia regarde. Sur son gracieux visage se lit l’impatience.

— Si c’est un ennemi, murmure-t-elle, pourquoi attendre ? Pourquoi ne le pas attaquer.

Gravelotte la considère avec tendresse.