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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/411

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auquel on rend la main, le Nasaki prit une allure endiablée.

Durant deux heures, il aperçut encore les feux du croiseur russe, errant sur les eaux, puis ces lueurs s’atténuèrent, disparurent, et Oraï regagna sa cabine, certain à présent qu’il atteindrait Chemulpo bien avant Daalia ; certain aussi que la victime réclamée par le terrible M’Prahu n’échapperait point à son sort.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

D’abord resserrée entre deux promontoires rocheux, la rade de Chemulpo s’élargit en un lac, tout au fond duquel une baie profonde et étroite se termine par le port, bordé par les habitations de la ville coréenne.

Port primitif, aux quais de bois, aux maisons basses, agrémentées de toitures recourbées à a chinoise.

Peuple ignorant et sale, aux vêtements sordides que ni la lessive ni la brosse ne débarrassent jamais de la graisse, des poussières qui s’y accumulent, s’y agglomèrent en arabesques répugnantes et fantaisistes.

Le Malais, accoutumé à la propreté de ses compatriotes, à l’aspect féerique de ses îles natales, éprouva un dégoût à la vue de cette localité coréenne. Cité et habitants lui apparurent immondes.

Toutefois, il descendit à terre avec le commandant Kuroki.

Tous deux se rendirent chez le mandarin gouverneur, lequel s’empressa de les recevoir.

Dans une salle basse, sur un cadre de bois recouvert d’une tenture sale, ce fonctionnaire se tenait assis, drapé dans trois robes superposées qui, à l’origine, avaient dû être blanches, mais qu’un long usage avait recouvertes d’une teinte indécise, intermédiaire entre le gris et le marron.

La figure large, le nez épaté du personnage, étaient coupés de maculatures de suie, de poussière ; on eût dit un charbonnier à demi débarbouillé, et ce Coréen trônait majestueusement, inconscient d’une malpropreté qui semble la caractéristique de tous ses concitoyens.

— Mandarin, je te salue, commença le Japonais.

— Je te salue, illustre Samouraï (titre de noblesse