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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/93

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— Ah ! si ta vie n’était en jeu… Enfin ! pas de récriminations… les fanatiques de M’Prahu te tueraient, et je veux que tu vives. Tu as fait la leçon à Rana ?

— Certes !

— Elle a été le tyran de mon existence, et elle veut continuer avec mon héritier ?

— Sois tranquille, maître, déclara la nourrice, j’ai compris. En somme, ma tourterelle moirée refait ce que fit la reine des Volcans pour juger M’Prahu lui-même. Celle qui l’a nourrie de son lait agira, parlera, de façon à lui donner satisfaction et à sauvegarder ses jours.

Dans la voix de la Soumhadrienne, il y avait une tendresse si fervente que François Gravelotte se sentit rassuré.

La laideur de la pauvre créature disparaissait, tant ses yeux vifs rayonnaient d’affection.

— Viens donc, Rana, la première de mes épouses.

Le vieillard souriait presque en disant ces mots.

La nourrice s’accrocha à son bras, et faisant froufrouter sa robe, elle entraîna le père de Daalia vers la porte.

Au moment de la pousser, elle adressa un dernier signe à la jeune fille, puis le battant s’ouvrit pour se refermer dix secondes plus tard.

La comédie nécessitée par un vœu imprudent commençait.

Daalia joignit les mains :

— Ô M’Prahu ! M’Prahu ! dit-elle. Toi que ma pauvre mère m’apprit à adorer, pardonne-moi de déplorer un serment funeste, et étends sur mon front ta main secourable !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À l’entrée de l’oncle François, tirant après lui Rana, tous les personnages rassemblés dans le salon avaient brusquement tourné la tête.

Un léger murmure flotta dans l’air.

Il disait tout autre chose que l’admiration. Fleck lui-même semblait frappé de stupeur.

Sous son costume d’apparat, la nourrice apparaissait horrible. Elle donnait l’impression d’une caricature humaine.