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Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/283

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IX

20 Mars 1815


Les jours qui suivirent, d’Artin eut de fréquentes entrevues avec l’usurier de la rue Traînée.

Celui-ci avait tenu parole, et le comte de Bourmont, harcelé par son créancier, avait confié sa détresse au maréchal Girard, son ancien compagnon d’armes, qui lui avait naïvement conseillé de reprendre le sabre et de marcher à la suite de Napoléon, dont le triomphe n’était plus douteux pour les gens bien informés.

Le 16 mars, d’Artin avait fait partir Lucile pour la Belgique, sous la garde de Denis Latrague et d’un serviteur dévoué.

Puis il avait assisté en dilettante à l’affolement des hôtes des Tuileries.

Le 17, le maréchal Macdonald, arrivé de Lyon, avait rassemblé les troupes de la garnison de Paris et avait commencé à les diriger hors de la capitale. Aux représentants, aux gardes nationaux, aux émigrés accourus aux Tuileries pour protester de leur dévouement à Louis XVIII, on n’avait répondu que par des propos vagues, indiquant suffisamment que le roi inclinait plutôt vers la fuite que vers la résistance.

Le 18, la famille royale prépara son départ, réunit une douzaine de millions, à valoir sur la liste civile, disait l’état constatant cet emprunt, et fit serrer dans des coffres, pour être emportés, les diamants de la couronne.

Enfin, le 19, d’Artin qui rôdait aux abords du Journal des Débats réussit à faire parler un publiciste très dévoué à Louis XVIII.

— Nous partons ce soir, lui avoua celui-ci.

— Ce soir ?

— Je vous avertis, afin que vous preniez soin de votre sûreté. Selon toute probabilité, Napoléon sera demain aux Tuileries.

— Demain, 20 mars.