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Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/305

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Le bruit se rapprochait.

Bientôt Espérat discerna sur la blancheur de la chaussée, une masse noire qui approchait rapidement. Un instant encore et il compta cinq officiers à cheval.

Ceux-ci l’aperçurent également, car ils retinrent leurs montures. L’un même se détacha du groupe et demanda d’une voix forte :

— Qui va là ?

— Bon, plaisanta le jeune homme, je vous ferais la même question, si vos uniformes ne répondaient pour vous.

La boutade provoqua le rire ; l’officier qui déjà avait parlé, murmura entre haut et bas :

— Eh mais ! Je crois connaître ce piéton.

— Cela est possible, car il me semble bien reconnaître l’adjudant commandant Clouet, chef d’état-major.

L’interpellé se rapprocha, interrogeant :

— Espérat Milhuitcent, n’est-ce pas ; ou plutôt, ainsi que le désigne Sa Majesté l’Empereur, le comte de Rochegaule.

L’adolescent s’inclina :

— Vous avez deviné.

— Où diable allez-vous à pareille heure ?

— Je vais rejoindre le campement Cambronne.

— Vous venez de Beaumont.

— En effet.

— Vous avez vu Sa Majesté ?

— J’ai eu l’honneur d’être reçu par l’Empereur.

Clouet eut un léger sursaut que son interlocuteur ne remarqua point. Cependant ce fut d’un ton calme qu’il reprit :

— Vous devez avoir hâte d’arriver, et je vous tiens là, au milieu de la route. Bonsoir, mon camarade, nous continuons notre tournée d’inspection.

Ce disant il rendait la main à son cheval. Ses compagnons l’imitèrent et la petite troupe s’éloigna laissant Espérat libre de poursuivre son chemin. Les cinq cavaliers chevauchaient en silence.

À un kilomètre environ du point où ils avaient croisé Milhuitcent, ils se jetèrent dans une sente de traverse qui s’enfonçait sous la forêt de Beaumont.

Ils dépassèrent les grand’gardes, les dernières sentinelles.

Aux « halte-là, qui vive », de ces dernières, ils avaient répondu par le mot d’ordre et par cette explication :