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Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/391

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Et avant que personne eût pu s’y opposer, son bras se tendit, le canon du pistolet jeta un éclair.

Il y eut une détonation, un nuage de fumée, la chute d’un corps lourd.

Atteint en plein visage, d’Artin venait de s’écrouler sur le sol, et autour de lui une mare de sang s’agrandissait.

Une seconde encore Lucile resta debout, puis sa gorge contractée laissa échapper une clameur désolée, ses mains battirent l’air, et elle se renversa, privée de connaissance, en travers du fauteuil sur lequel elle était assise tout à l’heure.

Et tandis que Denis Latrague s’enfuyait, égrenant dans l’air des gémissements effarés, Marc Vidal, Espérat, sans s’occuper du corps du comte, couraient à la folle, s’agenouillaient auprès d’elle, couvraient de baisers ses mains glacées, seul moyen qu’ils eussent de la rappeler à elle, puisque leurs poignets, liés derrière leur dos, refusaient tout service.

Ils parlaient :

— Lucile ! ma sœur chérie.

— Ma fiancée bien aimée !

— Reviens à toi.