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Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/51

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Le vieillard podagre, pesant, quelque peu ridicule, prit une sorte de majesté en s’exprimant ainsi.

Sur ses auditeurs, il avait toute la supériorité d’une intelligence ouverte, d’une indulgence vraiment royale.

— Je relève toutes les fautes commises. Certaines sont irréparables, mais d’autres peuvent encore se réparer.

Parmi les premières je citerai la décapitation de la colonne Vendôme. En jetant à bas la statue de Napoléon, nous avons fourni à nos adversaires le moyen de dire, avec une apparence de raison : Ils abattent son image, parce qu’ils en ont peur.

Personne ne releva les paroles du roi.

Satisfait de cette résignation apparente, celui-ci continua :

— D’autre part, ça été une maladresse insigne, dont je m’accuse autant que vous, d’avoir créé les compagnies rouges et la Garde royale. Avec les sommes énormes consacrées à l’entretien de cette troupe, nous aurions pu conserver en activité de service presque tous les officiers de l’ancienne armée. Nous n’aurions pas ces nuées de demi-solde, qui entretiennent chez le peuple le souvenir du disparu.

— Si l’on était plus sévère pour ces demi-solde, ils parleraient moins haut, fit ironiquement la duchesse d’Angoulême.

— Vous vous trompez, ma nièce. L’histoire