Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meuble. Les conjurés avaient dès longtemps prévu une alerte de ce genre et leurs précautions étaient prises.

— Maintenant, au passage secret.

Tous se glissèrent dans le corridor, accédant à l’entrée du souterrain. À l’extrémité, l’ouverture basse, franchie naguère par Bobèche et Henry, découpait un carré lumineux sur le jardin éclairé par la lune.

Des pas assourdis, de légers cliquetis d’acier résonnaient au loin.

— Ils sont dans le parc, murmura encore La Valette. Nous avons le temps.

Un couloir latéral s’ouvrait à droite du boyau principal. Le Président s’y engagea et le parcourut jusqu’à son extrémité. Là, une cave se présenta.

Quelques traces des derniers habitants se reconnaissaient en cet endroit. Futailles éventrées aux ais vermoulus, cuveaux en ruines, pièces de bois de toute provenance formant un monceau dans un angle.

La Valette appuya la main sur une pierre. La tranche du sol qui supportait les débris, glissa lentement à la façon des ponts-levis modernes, écartant de la paroi l’amoncellement de bois, lequel démasqua une ouverture béante.

À ce moment une voix sonore, enflée par les résonnances du souterrain, rugit au loin :

— Pas de résistance. Au nom du roi, rendez-vous.

— Bon, murmura Bobèche, les voici à l’orée des caves ; ils font du bruit pour cacher leur peur.

— Oh ! la peur est superflue, remarqua Espérat, puisque nous leur cédons la place.

Mais Tercelin interrompit les causeurs :

— Vite, vite, au passage.

Déjà La Valette, l’abbé Vaneur, Henry, Marc Vidal avaient disparu dans la cavité béante.

Les retardataires s’y engouffrèrent à leur tour.

Dans la cave, vide d’habitants désormais, le tas de bois se remit en mouvement, revint s’appliquer à la muraille, cachant l’entrée du corridor secret, creusé par la prévoyance des conspirateurs.

La police pouvait chercher tout à son aise.

Les Cinquante étaient hors d’atteinte.