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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/105

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— Mais les peuplades, victimes de ces rapts, doivent chercher à se venger.

— Point, conclut le capitaine. Ces immondes pourvoyeurs de la mort ont la qualité de prêtres et sont aussi vénérés que leur sanglante idole.

Emily se mit à rire :

— Vraiment, vous me donnez envie d’entrer en relations avec le dieu-crabe.

— Comme victime, demanda plaisamment son interlocuteur ?

— Non, non. Comme visiteur simplement.

Et, après une pause :

— Puisque vous connaissez déjà le personnage, soyez donc assez aimable pour me présenter.

Mangin ne se fit pas prier.

Il se dirigea vers l’entrée, marquée par les deux poteaux qu’il avait signalés.

La porte était simplement maintenue par un taquet de bois.

D’un coup de pouce, l’officier fît sauter le coin-arrêt et poussa le battant.

Celui-ci tourna sur ses gonds avec un grincement prolongé.

À pas lents, les trois Européens pénétrèrent dans la case.

C’était un hall rectangulaire, dont les murs étaient ornés de chevelures, de colliers de dents enfilées de tiges de laiton.

Le sol de terre battue avait une teinte rougeâtre, et le lieu exhalait une odeur fétide de boucherie mal tenue.

Au fond, sur un énorme cube de bois, se dressait la statue menaçante et grotesque de Terpi, barbouillée de sang.

Et devant l’idole, une large table, ayant au centre une rigole profonde, était entaillée et tachée comme un étal.

Les explorateurs avaient en face d’eux le « banc du supplice ».

Tout cela apparaissait bestial, horrible et répugnant.

— Pouah ! s’écria le docteur : c’est abominable, sortons de cet abattoir.

Ses compagnons ne se firent pas prier.

Déjà ils revenaient à l’entrée, quand tous trois s’arrêtèrent saisis.

On eut dit que leurs pieds s’étaient subitement rivés au sol.

Qu’y avait-il donc ?