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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/134

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en trois cercles ou départements, placés sous le commandement des officiers qui accompagnent Marchand.

Il semble que décidément le succès final est assuré, quand, tout à coup, une terrible inquiétude s’abat sur l’état-major de la mission.

Au début de janvier 1898, le commandant avait rassemblé tous ses officiers au fort Desaix.

La réunion avait pour but de débattre les mesures à prendre encore, pour organiser définitivement la conquête du Bahr-el Ghazal.

Dès ce moment, les explorateurs étaient certains que leur route du Congo au Soueh, jalonnée de postes, ne pouvait être coupée.

Les approvisionnements les suivraient avec une facilité relative, puisque le chemin était reconnu et les routes en forêts percées. Le ravitaillement s’opérerait donc normalement.

Tous les efforts devaient donc tendre à compléter l’organisation politique de la nouvelle colonie nilotique.

Or, un matin que tous déjeunaient, sous la présidence du chef de la mission, un sergent pénétra dans la salle du repas.

Il s’excusa de troubler les officiers.

Et, sur une question du commandant, il répondit :

— Il est venu des mercantis dans nos paillottes. Ils offraient des légumes, du gibier.

— J’ai autorisé cela.

— Je le sais, mon commandant. Toutefois, il y en a deux que j’ai fait arrêter et que l’on garde à vue.

— Pourquoi les arrêter ?… Qu’ont-ils fait ?

— Ils racontaient des histoires que les hommes n’ont point besoin d’entendre. Il est inutile de les décourager.

Tous les officiers s’étaient levés.

— Des choses capables de décourager mes tirailleurs, s’écria Mangin. Parbleu ! je serais curieux de les connaître.

Le sergent eut un sourire.

— Je m’en doute bien. C’est pourquoi je venais demander au commandant la permission de les lui amener.

— Qu’ont-ils dit, en résumé ? insista Marchand.

— Des mensonges probablement.

— Mais encore, expliquez-vous, sergent ?

— Eh bien, mon commandant, ils disent comme cela qu’il