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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/200

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s’arrêtent de loin en loin, visent avec attention, lâchent leur coup de fusil et repartent en courant.

Devant la ville, le feu redouble.

Mangin a posté tous les soldats disponibles dans les maisons qui bornent le fleuve.

Et pour comble de malheur, un projectile détraque la machine du Sofia.

La canonnière reste en panne.

Le Tefhricht vient à toute vitesse à son secours.

Mais alors les chalands demeurent immobiles.

C’est la plus merveilleuse cible que des tireurs puissent rêver.

Et les Sénégalais s’en donnent, à cœur joie.

La mort fauche infatigablement dans les rangs derviches.

Les soldats du Mahdi, démoralisés, terrifiés, s’affolent.

Chacun veut se coucher au fond des embarcations, où, semble-t-il, on est moins exposé.

Malheureusement il n’y a pas de place pour tout le monde.

Les Derviches se battent entre eux.

Ils tirent leurs couteaux pour conquérir les places convoitées.

Et ils amoncellent des morts, sur les morts que font sans trêve les balles françaises.

Enfin le Sofia peut se remettre en marche.

La flottille repart.

Là-bas, les guerriers amenés à terre au début de l’action, rallient les vapeurs avec leurs chalands.

Pas si vite cependant qu’ils ne soient salués par quelques feux de salve qui leur abattent beaucoup de monde.

Et l’expédition mahdiste fuit.

Les bateaux décroissent, décroissent ; ils se perdent à l’horizon.

Le marabout est désespéré. Il a été vaincu, ses navires sont avariés et il laisse sur le champ de bataille sept cents de ses soldats.

Il est cinq heures du soir.

Les Fachodanais qui, durant le combat, sont restés prudemment chez eux, sortent alors.

Ils accourent auprès des « lions français ».

Ils les félicitent, les embrassent.

Les femmes veulent transporter les blessés.