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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/256

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IX

L’AGONIE MORALE.


Le commandant Marchand, depuis le départ de Baratier, ne vivait plus selon l’énergique expression populaire.

À certains moments, il espérait que son rapport communiqué au gouvernement français, permettrait au ministre des Affaires étrangères de réfuter victorieusement les assertions de lord Salisbury.

Puis il se souvenait de l’opposition systématique que les agents anglais lui avaient faite pendant toute la traversée de l’Afrique.

Et le doute le reprenait.

Ce lui était une souffrance poignante, une angoisse atroce de voir, à cinq cents mètres l’un de l’autre, les drapeaux égyptien et français agités par le vent embrasé du milieu du jour.

Lequel devait disparaître ?

Lequel devait s’humilier, s’abaisser devant l’autre ?

Il ne parlait plus. Le sourire n’éclairait plus sa physionomie.

Tout son être était là-bas, en France, auprès de ceux qui discutaient au nom du pays avec la perfide Angleterre.

Les jours lui semblaient interminables.

Il les comptait, cherchant à calmer sa douloureuse impatience par le raisonnement.

— Aujourd’hui Baratier est à Marseille ; demain il sera à Paris, se disait-il.

À la fin, il ne put plus supporter l’attente.

Il remit le commandement de Fachoda aux capitaines Mangin et Germain, puis il s’embarqua sur le Faidherbe qui prit, à toute vapeur, la route du Caire.