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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/26

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roger ses camarades, voire même les gradés du « cadre européens », quand il ne sait pas.

Et Jane note : tant de rations, tant de cartouches, tant de ceci, tant de cela.

De temps à autre, elle adresse à son père un regard triomphant.

Elle semble lui dire :

— Admirez, voyez comme je comprends bien un service d’espionnage.

Lui, la considère d’un air tendre, ému.

Il se confesse que vraiment il possède une fille exceptionnelle.

Une fille qui fera sa gloire, lorsqu’il transmettra à l’Amirauté les notes si précises, si complètes, que la folle confiance des Français lui permet d’amasser.

L’inventaire du hangar est terminé.

Là, tout près, s’étend le chantier que remplissent les bateaux démontables ; on n’a pas encore eu le loisir de les assembler.

Jane a un cri de surprise, un joli cri de jeune fille, tel un gazouillement d’oiseau.

— Qu’est-ce donc que tous ces morceaux de métal ? On dirait de l’acier, de l’aluminium. C’est sans doute pour faire des présents, pour vous concilier les bonnes grâces des chefs dont vous traverserez les territoires ?

Et comme Mohamed-Abar fait entendre un gros rire sonore :

— J’ai dit une folie, j’imagine, continue-t-elle gentiment ; je vois que vous riez de moi. Ce n’est pas bien, mon ami noir ; je ne suis pas un militaire, moi, et je ne saurais être tenue de connaître tous vos engins de guerre.

Mais l’Africain paraît confus de s’être laissé aller à l’hilarité.

Il s’excuse, et, de plus en plus complaisant, il explique encore :

— Ce sont là les bateaux démontables de la mission,

— Des bateaux, ces choses-là, se récrie l’Anglaise ?

— Mais oui.

— Je ne croirai jamais cela.

Pour la persuader, Mohamed-Abar est obligé de la guider à travers le chantier.