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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/273

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Le Faidherbe est sous pression.

De sa cheminée noire s’échappent, par bouffées, des fumées blanches.

Autour du moudirieh ruiné, sur lequel un vent assez fort fait claquer le pavillon de France, les tirailleurs sont rangés, l’arme au pied.

Au loin, curieux mais non hostiles, les Anglais massés observent.

Le commandant Marchand arrive, suivi de ses officiers.

Un instant il s’arrête, contemple longuement le drapeau, puis il a un geste de résignation douloureuse.

Il lève la main.

Aussitôt les clairons sonnent.

Un sous-officier va à la perche qui sert de hampe au drapeau.

Un silence profond, puis un léger grincement.

C’est la poulie de drisse qui commence à tourner.

Et lentement, lentement, le pavillon descend.

Le voici à la portée du sous-officier.

Celui-ci le plie religieusement.

De toutes les poitrines s’échappe un soupir rauque ; sur toutes les joues il y a des larmes.

C’est fini.

Les couleurs de France ne se mireront plus dans les eaux du Nil.

Et, alors, une sorte de hâte s’empare de tous. Les escouades se disloquent, marchent vers le rivage.

On embarque, abrégeant les adieux des malades qui restent là, à Fachoda.

À huit heures, tout le monde est à bord, tout est paré.

La sirène du Faidherbe lance un signal. Cela est lugubre.

On dirait un sanglot qui court sur les eaux, s’éloigne, s’éteint.

La flottille s’ébranle.

Elle défile devant les maisons blanches que, quatre mois plus tôt, on a saluées comme le terme du voyage.

Comme on était heureux ce jour-là… et que cela est loin.

On a dépassé les dernières habitations.

Sur la berge, le bataillon du major Jackson est aligné.

Il présente les armes.