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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/278

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pereur n’était pas rendu, le 10 mars, quand Marchand fit son entrée à Addis. Le gouverneur de la ville, le vieux ras Dargué, le ras des ras, oncle de l’empereur, envoie son armée sur la route pour rendre les honneurs à la mission. Les Abyssins accourent en foule et veulent voir les blancs « qui marchent depuis trois années », la poignée de Français qui a battu les Derviches. — Toute la colonie française est là, notre ministre en tête ; sur toutes les figures on sent la vraie sympathie, la fierté aussi, car on a droit d’être fier quand on a pour frères de tels héros !

— Le ministre salue la mission au nom de la France ; l’émotion redouble quand une toute mignonne fillette, Yvonne Savouré, chargée d’exprimer au commandant les sentiments de la colonie, s’avance avec une gerbe de fleurs… Mais elle a oublié totalement son compliment et sauve la situation en sautant au cou de Marchand, qui embrasse Yvonne et sa mère. Puis viennent les présentations : M. Ilg, le ministre de Ménélik ; le général Vlanof, envoyé de Russie ; le capitaine Ciccodicola, ministre d’Italie, nous souhaitent la bienvenue et, très courtoisement, le lieutenant Harrighton, l’agent anglais, présente aussi ses félicitations à ses camarades de l’armée française.

L’empereur ne rentra de l’expédition faite dans le nord de ses États qu’aux premiers jours d’avril. Dès le lendemain, Ménélick reçut la mission en grande cérémonie, l’audience solennelle eut lieu dans la grande salle du palais, malgré le deuil récent de la Cour.

La compagnie des tirailleurs sénégalais manœuvra devant Ménélick aux applaudissements de tous les chefs éthiopiens assistant à cette parade. Le commandant Marchand obtint plusieurs audiences privées.

Tous les officiers de la mission ont obtenu un grade dans l’ordre impérial d’Ethiopie, selon les règles hiérarchiques habituelles.

La mission quitta Addis-Abbaba le 8 avril.

Au nom de l’empereur, le dedjaz Tessamma avait conféré au commandant Marchand le droit de haute et basse justice sur tous les sujets éthiopiens rencontrés entre Gore et Addis-Abbaba.

À Baltohi, à 70 kilomètres de la capitale, Ménélick fit