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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/34

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Tandis que le gros de l’expédition procédait au démontage des embarcations, une section reconnaissait la route de terre.

La route… un sentier à peine indiqué, côtoyant la rivière à travers la forêt tropicale, inextricable, que désormais les explorateurs devaient rencontrer partout jusqu’aux environs de Tambourah.

Ces éclaireurs se firent pionniers.

Ils abattaient les buissons, les arbres même qui eussent pu arrêter la marche des porteurs.

Bref, après huit journées d’attente, ils rejoignirent leurs compagnons campés autour de Bangui et annoncèrent que le passage était libre.

Le commandant décida que l’on se mettrait en route dès le lendemain.

Il veilla lui-même à ce que tout fût prêt et, le soir, il s’assura que les tirailleurs et les porteurs s’endormaient de bonne heure.

Les noirs sont, en effet, de grands enfants ; il faut les surveiller sans cesse, sous peine de les voir se livrer aux danses et aux libations exagérées, la veille d’une marche fatigante.

On devine le résultat d’une pareille préparation.

Les hommes sont sans vigueur à l’heure précise où ils en auraient le plus grand besoin.

La nuit s’écoula sans incident.

Au jour, le clairon réveilla les dormeurs.

Ce fut aussitôt, dans le campement, une agitation de fourmilière.

Rien n’était pittoresque comme le départ de la colonne formée comme celle de la mission.

Les porteurs Beduyrios se rassemblaient autour de leurs charges et chantaient une mélopée barbare où ils célébraient le soleil.

Auprès d’eux, les Fayoudas soufflent dans des cornes de buffle dont ils tirent des sons lamentables.

Les Beggars dansent une sorte de pas sacré, avec accompagnement de cris aigus.

Plus loin tes tirailleurs musulmans, tournés vers l’Est, accomplissent les génuflexions et prières prescrites par le Coran.

Tandis que les catholiques, à demi instruits par nos mis-