Aller au contenu

Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils savaient bien que c’était la mort prompte, fatale, pour l’imprudent qui eût tenté une pareille folie.

— Mais, dit le capitaine au sergent, qui sait si le pays est semblable plus loin ; nous pouvons rencontrer des éclaircies et alors tous ces gaillards-là, si nous ne les tenons pas au bout de nos fusils…

Un autre incident, plus redoutable encore que le premier, devait retarder l’expédition.

La fièvre éclata dans les rangs de la petite troupe. Au bout de deux jours, la plupart des piroguiers étaient incapables de service.

On tenta d’abord de les remplacer par des porteurs, mais ceux-ci, trop inexpérimentés, trop mous, n’arrivaient pas à diriger les barques.

Baratier, le sergent et les tirailleurs sénégalais ne se ménageaient pas cependant.

Tour à tour, ils se mirent aux pagaies, et ils purent ainsi franchir quelques lieues.

Mais, malgré leur énergie, les forces de ces braves baissaient. Ils manquaient d’entraînement.

Fort heureusement une clairière se présenta. Le chef du détachement donna l’ordre d’y aborder et, pendant trois journées entières, on se reposa près des pirogues hissées à terre, gardées à vue par les tirailleurs.

Ces jours de repos, l’emploi permanent de la quinine généreusement distribuée aux malades, permirent aux hommes de triompher de la fièvre.

Le sergent Bernard eut le bonheur de tuer deux grands singes qui s’étaient aventurés en curieux près du campement. La chair de ces animaux, rôtie devant un grand feu de bois, procura à tous un repas qui fut trouvé succulent.

Pour égayer la troupe, on organisa une petite fête.

Deux soldats sénégalais, doués d’une voix superbe, chantèrent des mélopées de leur pays. Et, dans, la nuit, autour du brasier qui pointait ses langues de feu vers le ciel, tous les noirs, oubliant les misères des jours précédents, dansèrent au son de la flûte et du tympanon.

La flûte ??

C’était le joyeux sergent Bernard qui en jouait, et sans instrument, s’il vous plaît.