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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/93

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— Toi dire vieille mère, Bakoulebé mort en soldat… bien… Toi dire ?

— Je le ferai, mon brave garçon.

— Content… moi pouvoir parti alors.

On eût pensé que le tirailleur n’avait attendu que la venue de son chef pour mourir.

Ses paupières s’ouvrirent démesurément, découvrant le blanc de l’œil ; un frisson convulsif secoua ses membres.

Sa bouche s’ouvrit, laissa échapper ce seul mot :

— Allah !

Puis il se raidit et demeura immobile.

Le Soudanais était mort.

Dans l’enceinte même du fortin, ce brave fut enterré, et la compagnie du capitaine Mangin présenta les armes devant la tombe de ce Français à peau noire, mort pour la patrie d’Europe.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cependant les ennemis ne se montraient plus.

— Est-ce qu’ils auraient regagné leur village ? s’exclama le capitaine Germain.

— Ne crois pas cela, riposta aussitôt Mangin.

— Que supposes-tu donc ?

— Qu’ils ne veulent pas s’exposer en plein jour à nos coups. L’expérience de tout à l’heure a dû leur apprendre la prudence.

— Alors, ils attaqueront de nuit ?

— Probablement…

Et, étendant le bras vers un groupe d’hommes qui se dirigeaient vers le retranchement, chargés d’objets aux formes étranges, le capitaine Mangin ajouta :

— Justement, voilà qui démontre que le commandant pense comme moi.

— Ces réflecteurs électriques ?

— Parfaitement. Vois, on va les installer sur le mur d’enceinte. Et quand on dispose les fanaux, c’est apparemment pour s’en servir.

— Tu as raison.

Les deux officiers suivirent attentivement l’opération.

Au bout d’une heure tous les appareils étaient en place, prêts à fonctionner.