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Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/113

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rai occasion de lui prouver la sincérité de mon dévouement. »

Et le brave garçon, auquel son père avait inculqué l’admiration passionnée pour la cité phocéenne et pour ses habitants, brandit sa brosse et s’escrima avec ardeur sur les habits de Massiliague, seul moyen à sa portée de faire montre de son zèle.

Aussi, quand le voyageur, une heure plus tard, descendit au parloir, il était tout simplement éblouissant. Massé, pommadé, parfumé, il étalait un linge éclatant, et sur ses habits, un microscope même n’aurait pas permit de découvrir la moindre parcelle de poussière.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Durant trois mois, Marius crut que son maître lui avait dit la vérité, lorsqu’il avait déclaré qu’il voulait jouir tranquillement de l’hospitalité du major Coldjam.

Massiliague avait suivi l’officier dans une tournée d’inspection des milices de l’Illinois. Il avait chassé avec lui dans les forêts qui ceinturent les vastes plaines défrichées de l’État

Au retour, il avait accompagné les sœurs de son hôte à l’église, au temple, évitant de prendre parti quand une discussion sociale, religieuse ou autre s’élevait entre elles, ce qui, il faut bien l’avouer, se produisait journellement.

S’il était mis en jeu par l’une ou par l’autre, il répondait doucement :

— Mesdemoiselles, je suis votre hôte à toutes ; il m’est donc interdit de déplaire à chacune de vous.

Cette abstention eût pu lui aliéner l’esprit de toutes. Il n’en fut rien, grâce à l’adresse du Marseillais qui, chaque fois qu’il se trouva seul avec l’une des sœurs, sut lui persuader qu’il partageait de tous points ses idées. Dès lors, son silence devenait une approbation muette, et chacune, à l’énoncé de l’habituelle et prudente phrase de Scipion, clignait des yeux d’un air d’entente, se disant à part soi :

— Mes sœurs peuvent se méprendre ; mais moi, je sais bien qu’elle est la pensée intime de cet aimable gentleman français.

À plusieurs reprises, on avait conduit Massiliague à la grande cité voisine de Chicago. Il avait admiré de confiance les rues sales, le joli parc qui borde la ville du côté du lac Michigan, la Bourse au blé,